24 - Jean-Benjamin Stora, psychosomaticien et professeur au CHU Salpêtrière, « Le stress » dans la collection Que sais-je ? des PUF

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Cher(e)s ami(e)s de Selfarmonia,

Ce mois-ci, je souhaiterais particulièrement attirer votre attention sur le stress en entreprise et les moyens de le combattre. Et pour cela, j’ai choisi l’ouvrage de Jean-Benjamin Stora, psychosomaticien de renom et professeur au CHU Salpêtrière, intitulé  « Le stress » dans la collection Que sais-je ? des PUF. Que nous dit-il sur le sujet, notamment au chapitre cinq ?

« L’homme, quel qu’il soit, est envisagé comme une sorte de machine biologique, qui, en cas d’usure, c’est à dire d’épuisement émotionnel et somatique, doit pouvoir, par une démarche volontaire, reconstituer ses forces et reprendre son travail.(…) : en cas d’usure, on change une pièce, la machine devient le modèle de référence…
Nous devons distinguer deux niveaux du stress sur la santé des individus : un niveau sociologique d’étude des comportements globaux d’individus stressés et un niveau psychologique et biologique de réactions individuelles en fonction du passé génétique et des processus de maturation psychique.
Au niveau sociologique, un outil d’audit, l’Indicateur de Stress Professionnel (ISP de C.Cooper, Université de Manchester) est une méthode permettant à une organisation de mesurer de façon quantitative et qualitative les aspects majeurs du stress en révélant les facteurs de dysfonctionnement tels que : absence d’engagement du personnel, culture d’entreprise appauvrie, difficultés à prendre des décisions, absence de concentration dans l’exécution des tâches ou décisions, pauvreté des relations interpersonnelles, etc…(…) l’ISP permet un diagnostic du stress organisationnel au moyen d’un questionnaire que tout cadre d’entreprise, quelle que soit sa fonction, peut remplir en l’espace de trois quarts d’heure. »


En tant que professionnelle de la relaxation, je remarque en effet chez un nombre grandissant de patients arrivant dans mon cabinet un stress se manifestant par une sorte de résignation face à la pauvreté des relations interpersonnelles au sein de leur entreprise. Ceci rend leur travail de plus en plus fade, et le réduit au seul pourvoi de salaire, ce qui à terme lui fait perdre son sens. Or l’absence de sens, si on n’y prend pas garde, est l’antichambre d’une forme larvée de dépression.

Jean-Benjamin Stora poursuit en proposant notamment « des séminaires de gestion du stress, destinés à réduire l’absentéisme et qui montrent dans différents pays (Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Suède, France) que :
1. la mise en œuvre de tels programmes par les entreprises s’est traduite par de réelles économies,
2. les recherches sur le stress professionnel confirment que certains fonctionnements organisationnels ont des conséquences sur la santé des employés, cadres, techniciens et dirigeants des organisations »


En tant que coach, je constate qu’une entreprise présentant une structure de type taylorien et ne comportant dans sa démarche managériale aucune vision partagée ne suscite guère d’enthousiasme au sein de ses salariés et induit du stress à terme chez eux.

Jean-Benjamin Stora préconise aussi  différentes démarches qui ont fait leur preuve dans la prévention des risques psychosociaux :
« La nouvelle formation SOLVE du BIT (2002), comprenant sept modules spéciaux de formation, a pour objectif de résoudre les problèmes psychosociaux au travail. Solve traite du stress du tabac de l’alcool et des drogues, du Sida et de la violence au travail en tant qu’éléments interdépendants pouvant influer sur la santé des travailleurs. En outre, Jean-Benjamin Stora cite en exemple le programme « Restez en bonne santé »  (« Staywell ») de Control Data en cinq parties : arrêter de fumer, contrôle du poids, santé cardio-vasculaire, management du stress organisationnel, contrôle diététique. A l’issue des bilans de santé, chaque individu choisit un programme selon son profil. Le taux de participation varie selon les filiales (65 à 95%). »
Enfin, en France, Jean-Benjamin Stora cite également en exemple « le programme Fleurbaix Laventie Ville  Santé dont les habitants sont devenus les acteurs de leur propre santé. »

Toutefois Jean-Benjamin Stora souligne que « de tels programmes ne sont efficaces que si des actions sont menées au niveau de l’organisation ; de telles actions sont délicates dans leur application et peuvent remettre fortement en question culture et identité de l’entreprise : 1/ actions spécifiques sur le déroulement des carrières, 2/ mise en place de programme de formation, 3/ changement de styles de leadership, 4/ action sur les structures, 5/ attention portée à l’environnement du travail ; 6/ écoute attentive des plaintes 7/ participation aux processus de décision ; 8/ redistribution du pouvoir et de l’autorité ; 9/ stratégie de communication interne ; 10/ replacement du stress organisationnel dans le cadre de la stratégie globale de l’entreprise. »

Voyons maintenant ce que JPS constate puis préconise au niveau psycho-biologique :
« Les individus ne sont pas tous égaux face au stress et limités dans leur réponse psychologique par leur histoire personnelle, leur environnement familial et socio-professsionnel. Dans de nombreux cas, il est recommandé de recourir à des thérapies de relaxation corporelle (aérobic, stetching, tai chi,qi gong, yoga…) qui abaissent le rythme cardiaque et respiratoire, réduisent les risques d’hypertension, de tension musculaires et soulagent certaines douleurs (…) avec des conséquences psychiques : réduction temporaire de l’angoisse, de la dépression, etc…
(…) des méthodes de relaxation mentale telle que la méditation, lorsqu’elle est effectuée dans un environnement protégeant de toute excitation sensorielle, accompagnée d’une respiration lente et rythmée, peut réduire de nombreux symptômes à raison de deux séances de dix à vingt minutes par jour »


Alors : « A vos marques, prêts… ? »

Helen Monnet


PS : Les fêtes approchant à grands pas, je me permets de vous souhaiter dès à présent un  « Joyeux Noël » en cultivant au mieux la sérénité, qui représente selon moi en ces temps de pénurie non seulement la plus belle des « énergies renouvelables » mais surtout le plus beau cadeau toujours disponible, si on prend soin de le quérir au fond de soi.